Parcours Espaces

Le parcours « Espaces » vise à offrir une formation de haut niveau aux enjeux théoriques du « tournant spatial » en valorisant l’interdisciplinarité

Les sociétés contemporaines redécouvrent l’espace. Les médias, les échanges politiques bruissent d’échanges et de controverses sur « la France périphérique », « la crise des migrants », la contamination de l’environnement par les pesticides, la mondialisation… Les formes prises aujourd’hui par le débat public forcent à constater une forme d’enrôlement de l’espace.

Face à cela, et sous l’influence des travaux pionniers d’Henri Lefebvre, les sciences sociales contemporaines font l’expérience depuis les années 1980 d’un « tournant spatial » (Soja, 1996) qui aboutit à interroger la manière dont l’espace, sous toutes ses déclinaisons conceptuelles, intervient dans l’émergence, la structuration et l’intelligibilité des phénomènes sociaux (Barney & Santa, 2009 ; Jacob, 2014). Ce « tournant spatial » concerne bien sûr la géographie (Lussault, 2007) mais aussi l’histoire (Torre, 2008), la sociologie (Löw, 2001), l’anthropologie (Segaud, 2010), la littérature, la philosophie, les études postcoloniales. Il conduit à interroger les phénomènes sociaux complexes par des approches pluridisciplinaires, théoriquement informées, qui visent à substituer à l’illusion qui transforme le lieu ou l’espace en substance une analyse des « effets de lieux » (Bourdieu, 1993). Le « tournant spatial » se sert de concepts spatiaux (le territoire, le lieu, la frontière, le centre, la périphérie, l’urbain, l’échelle, la carte, le réseau, le local et le global) pour déployer les formes prises par les institutions sociales et les pratiques individuelles. Produit par les sociétés, internalisé par les individus, l’espace est un point d’entrée privilégié pour comprendre les mécanismes de pouvoir, les segmentations du monde entre humains et non-humains, les revendications collectives, les pratiques du développement, la structuration des savoirs, les manières contemporaines d’être au monde.

Par ailleurs, le parcours insiste sur les méthodes analytiques qui permettent de construire des faits de manière rigoureuse. Le parcours fait une large place aux méthodes proprement spatiales développées par la géographie, mais vise à donner aux étudiants une formation de premier ordre aux méthodes partagées par les autres sciences sociales (méthodes qualitatives et quantitatives).

Les enseignants du parcours ont le souci d’établir un dialogue fructueux entre théorie et pratique, en montrant que le « tournant spatial » permet non seulement de mieux comprendre les sociétés contemporaines mais aussi de proposer des interventions informées. Dans cette optique, les étudiants seront encouragés à aborder des sujets personnels de recherche qui témoignent d’une portée sociale, et à réfléchir à une insertion professionnelle plus large que l’enseignement-recherche.

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